Distingué par sa rigidité remarquable, ses teintes éclatantes et son bruissement distinctif, le bazin est incontestablement le tissu privilégié lors des célébrations majeures en Afrique de l’Ouest. Êtes-vous familier avec l’histoire de ce textile devenu une véritable tendance mode au cours des dernières décennies ? Poursuivez votre lecture, nous vous révélerons tout sur cette matière exceptionnelle !
Quelle est l’origine du bazin ?
Tout d’abord, le terme « bazin » dérive de l’italien, où « bambagia » signifie « ouate de coton ». À l’image du Kanvô béninois ou du kenté ghanéen, le bazin est également un textile à base de coton teint, créant ainsi un tissu damassé à la fois rigide et brillant. Le Bazin, originaire d’Angleterre, est devenu une mode incontournable dès la fin du 18ème siècle.
À ses débuts, ce tissu était soigneusement préservé avant de connaître une production massive en France. Une expérience malheureuse pour les entreprises de Lenoir-Dufresne, l’homme le plus riche du 19ème siècle, qui fut finalement ruiné par la mise sur le marché d’une grande quantité de ce tissu.
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Selon la légende, le premier importateur de bazin a découvert ce textile par hasard lors d’un voyage en Europe. En déplacement d’affaires en Allemagne, il a été séduit par la beauté d’une étoffe blanche et rigide, utilisée par les Allemands pour confectionner du linge de maison tel que des nappes et des rideaux.
L’importateur, d’origine malienne, a immédiatement compris le potentiel de cette étoffe sur le marché africain. Ainsi, il a demandé aux fabricants d’ajouter une touche de brillance pour que le tissu puisse réellement charmer la communauté africaine.
À quelles occasions le bazin est-il porté ?
Depuis les années 80, le bazin s’est imposé comme la tenue de cérémonie par excellence au Mali. Il a toujours suscité l’admiration des présidents maliens depuis son introduction sur le continent.
Le bazin est fréquemment revêtu lors de chaque événement religieux ou culturel, tels que les mariages, les baptêmes, les enterrements, ou toute autre célébration traditionnelle. Il est important de noter que ce tissu n’est pas simplement considéré comme un morceau de textile importé. Pour le peuple africain, il revêt une signification bien plus profonde. Certains l’ont même personnalisé en fonction des couleurs représentatives de leur pays.
Au-delà de son aspect vestimentaire, le pagne constitue un véritable moyen d’expression culturelle. Il est offert en guise de dot lors des mariages. Par ailleurs, il est également utilisé pour renforcer les liens qui unissent les membres d’un groupe, notamment lors des cérémonies telles que les baptêmes, les mariages ou les enterrements.
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Les différents types de bazin
Il existe plusieurs types de bazin :
- Le bazin riche de premier choix se distingue par sa technique de tissage exclusivement en coton fin, d’une qualité exceptionnelle, et par une brillance remarquable.
- Le bazin moyennement riche, de second choix, a émergé avec l’arrivée de la concurrence chinoise, produisant un tissu de moindre qualité par rapport au bazin riche. Contrairement à ce dernier, son prix est environ deux fois moins élevé.
- Enfin, le bazin moins riche, également connu sous le nom de damas chinois, se caractérise par une qualité très inférieure, mais demeure accessible aux budgets restreints. En effet, son coût est environ quatre fois moins élevé que celui du bazin riche.
Les différents types de teinture
À ses débuts, le bazin était teint avec de l’indigo naturel, utilisant des produits tels que la potasse à base de cendres et d’argile pour la teinture. Ces substances présentaient un faible risque pour la santé. Cependant, à partir des années 90, ces composés naturels ont été progressivement remplacés par des teintures chimiques telles que la soude caustique et l’hydrosulfate.
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La soude et l’hydrosulfate sont dissoutes dans de l’eau préalablement portée à ébullition à une température supérieure à 190°C. Grâce à leur réaction chimique, ces deux agents contribuent à une meilleure adhérence de la teinture sur le coton.
Avec l’avènement des teintures chimiques, moins coûteuses à l’achat et plus rapides à mettre en œuvre, la teinture naturelle a été délaissée. Cependant, bien que cela offre une palette de couleurs plus vive et variée, cela n’est pas sans risques pour les teinturières et pour l’environnement.
Techniques de fabrication
Le tissu damassé 100 % coton blanc, utilisé comme base pour la confection du bazin, n’est pas fabriqué en Afrique, mais provient principalement d’Allemagne, de République tchèque, des Pays-Bas et de Chine. Il subit ensuite un processus de teinture artisanale, notamment au Mali.
La fabrication du bazin est nettement plus complexe que celle du wax ou du bogolan. Initialement, le tissu damassé est créé en tissant des fils fins avec du coton de qualité supérieure. Ces fils sont ensuite immergés dans un bain d’alcali pour le blanchiment, puis dans de la soude caustique pour provoquer un gonflement.
Par la suite, le tissu est soumis à un lissage à haute température et haute pression, effectué dans des cylindres revêtus de cire. Le tissu est ensuite lavé, puis trempé dans un bain de teinture, égoutté, retrémpé à nouveau… le processus est répété jusqu’à l’obtention de la couleur désirée. En résumé, plus il y a de trempages, plus la couleur devient foncée.
La plupart des teinturières sont des femmes conscientes des risques liés aux produits utilisés. Pour prévenir les problèmes respiratoires ou les risques de brûlures, elles doivent porter des gants, des lunettes de protection, ainsi qu’un masque. En effet, la soude caustique et l’hydrosulfate peuvent entraîner de graves brûlures des voies respiratoires en cas d’inhalation.
Émergence d’une Nouvelle Profession : Tapeur de Bazin
Après la phase de teinture, le tissu est plongé dans une solution de gomme arabique, puis frappé sur un billot de bois pour lui conférer brillance et rigidité. Les fibres se resserrent, transformant le coton en une matière à la fois rigide, éclatante et résistante aux salissures. En raison de la nature très physique de cette tâche, seuls des hommes s’adonnent à ce travail.
Au fil des lavages, le lustre du vêtement s’estompe. Il devient alors nécessaire de répéter le processus de trempage et de le frapper à nouveau. Étant donné le coût élevé des tenues neuves, de nombreux consommateurs préfèrent continuer à porter des tenues plus anciennes.
Les principaux producteurs du bazin
Les plus hautes qualités de bazin sont directement importées d’Europe. Néanmoins, des productions locales existent également sur le continent, notamment au Sénégal, au Ghana et en Côte d’Ivoire, bien que le bazin malien conserve sa réputation prééminente.
Le Mali, en particulier, se positionne comme le leader incontesté de la production de bazin. À Bamako, de nombreux ateliers de teinture prospèrent pour répondre aux besoins tant du marché local que des autres pays d’Afrique de l’Ouest et des importateurs du monde entier. Le pays est renommé pour la qualité et la diversité de ses teintures.
Des entreprises asiatiques ou anglaises ont également pris de l’avance sur les petites productions locales, en tirant parti des faiblesses de leurs concurrents, comme la durée des processus de production et leurs coûts élevés. Elles parviennent à produire plus rapidement et à des coûts plus attractifs.
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Malgré l’émergence de quelques entreprises et usines depuis l’introduction de ces tissus attractifs sur le continent africain, cela n’a pas suffi à détrôner les pays qui demeurent en tête sur le marché. Il est surprenant de constater que des pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal, qui produisent la majeure partie du coton mondial, n’occupent pas la première place dans ce domaine.
En fin de compte, le bazin n’est ni né ni produit en Afrique. Pourtant, les principaux consommateurs sont d’origine africaine. Aujourd’hui, on estime à plus de 100 millions le nombre de consommateurs de bazin, un chiffre qui ne cesse d’augmenter.
Découvrez dans la vidéo ci-dessous les techniques de teinture du bazin :
En conclusion, le bazin incarne bien plus qu’un simple tissu ; il porte en lui l’héritage d’une tradition séculaire et l’écho vibrant de cultures multiples. De l’art complexe de la teinture à la délicatesse du travail des tapeurs, chaque étape de sa fabrication raconte une histoire, une passion transmise de génération en génération.
Bien que les productions locales africaines contribuent à l’essor de cette industrie, les défis persistants face à la concurrence étrangère révèlent un paysage complexe. Les ateliers florissants de Bamako, tout comme les importations européennes ou asiatiques, témoignent de la globalisation qui touche ce marché florissant.
En dépit de ces évolutions, le bazin demeure ancré dans le cœur des communautés africaines, symbolisant l’identité, la célébration, et la connexion à des racines profondes. Avec plus de 100 millions de consommateurs et une popularité croissante, le bazin continue de tisser des liens, transcendant les frontières et affirmant sa place unique dans le monde de la mode et de la culture africaine. Son histoire vibrante et son avenir prometteur continueront sans aucun doute à captiver les esprits et à habiller les occasions spéciales à travers le continent et au-delà.