Comme tous les groupes ethniques, les Sénoufos ont leur histoire. C’est un peuple d’Afrique de l’Ouest réparti en une trentaine de sous-groupes formés majoritairement d’agriculteurs. D’ailleurs, l’étymologie du mot sénoufo indique que celui-ci veut dire « ceux qui travaillent au champ ». 

Composé à majorité de personnes animistes, le peuple sénoufo se retrouve surtout au sud du Mali, au pays des hommes intègres : le Burkina Faso et dans le nord de la Côte d’Ivoire. Il n’est donc pas rare que des Ivoiriens se réclament d’origine Sénoufo. Les Sénoufos cultivent des produits vivriers tels que le mil, le maïs, le riz et l’igname. Ils sont aussi spécialisés dans les cultures commerciales comme l’arachide et le coton.

À travers cet article, nous vous offrons un voyage au Mali pour découvrir l’origine, l’histoire et la vie sociale du peuple sénoufo. 

L’origine des Sénoufos

Il existe un mythe d’origine du pays sénoufo d’après lequel, le pays serait né de l’entêtement d’un chasseur de serpents. Il s’agit de Safazani qui s’entêta à tuer un énorme boa, dernier serpent de la région, vivant près d’une grosse pierre dans la montagne. Pourtant, le serpent l’avait supplié de ne pas le tuer en brousse, en jouant une guitare appelée kolonko et en chantant. Bien que Safazani tua le serpent et cuisina les morceaux de celui-ci dans un canari, le serpent ne s’arrêta pas de chanter. 

Toutefois, rien n’empêcha le chasseur de manger les morceaux de serpent, ce qui gonfla son ventre. Ensuite, Safazani a dû boire des litres d’eau pour étancher une soif énorme. Son ventre grossit au point d’atteindre la taille d’une montagne. À ce moment, le chasseur fut pris d’une forte envie d’uriner et il ne s’arrêta plus. La légende raconte que son urine constitua des marigots, et ses crottes devinrent des montagnes. Ceci marqua le début du pays sénoufo.

D’après la légende, le premier Sénoufo fut créé par Dieu, ce qui signifie que les Sénoufos sont des autochtones venus de nulle part. De ce fait, aucun récit ne rattache l’apparition du peuple sénoufo à une conquête territoriale. Ce peuple n’aurait donc pas mené des batailles avant de s’étendre sur des territoires de pays d’Afrique. 

On ne saurait dire à partir de quels sous-groupes les Sénoufos se sont constitués, même s’ils sont dits « pré-fohobélé » ou « proto-fohobélé ». Par contre, l’histoire montre que ce peuple a dû se déplacer plusieurs fois. En outre, il a subi des invasions au cours desquels il y a eu des affrontements intercommunautaires.

La légende raconte également que le territoire qu’occupent actuellement les Sénoufos était celui des Mandébélés. Ces derniers étaient surtout des chasseurs (d’éléphant) et ils cultivaient du mil. Les Sénoufos se sont d’ailleurs inspirés du système agricole et du système éducatif des Mandébélés pour mettre en place les leurs. Ils auraient aussi copié les rites et cérémonies des Mandébélés. 

Au départ, les Mandébélés et les Sénoufos cohabitaient en harmonie, si bien que les premiers dévoilèrent leur langue secrète aux seconds. Les Mandébélés se sentirent alors vulnérables, d’autant plus que les Sénoufos avaient un système de chasse plus évolué. Aussi, ils allèrent se réfugier dans la brousse, laissant les Sénoufos s’installer sur leurs terres et leurs sites touristiques.

L’histoire du peuple sénoufo

En s’installant sur les terres, les Sénoufos ont créé des villages au nombre desquels on a : Katiola, Kong, Dabakala, Kanangoro et Boundiali. Ils se sont installés progressivement dans les régions autour des localités actuelles de Bouna, Bondoukou, Madinani, Tengréla, Ferkessédougou, Prikro, Mankono, Séguéla, Touba et Odienné en Côte d’Ivoire. 

Ils ont aussi occupé les régions de l’empire du Mali de Sikasso, de Yorosso, de Koutiala et de Kati. La région centrale du pays sénoufo, appelée Korhogo, est née du 13e siècle au 14e siècle, et se situe en Côte d’Ivoire. Ils ont donc des liens ethniques avec les peuples qui vivaient dans ces régions.

Cela dit, les Sénoufos ont réussi à occuper un vaste espace géographique avant d’être un peu perturbés par l’installation des Mandés vers le 13e siècle. Ces derniers sont venus occuper notamment les régions de Kong, Korhogo, Boundiali, Odienné, Dabakala, Bondoukou et Bouna. Ils ont d’abord vécu en harmonie avec les Sénoufos pendant de nombreuses années. Ils ont fait découvrir au peuple sénoufo, entre autres, le tissage, les métiers du cuir et quelques-uns de leurs rituels. 

Au 16e siècle, à l’arrivée des derniers mandingues comme Ligbi, Soninké et Dioula, les relations entre les deux peuples ont commencé à se détériorer. La dégradation de ces relations a des raisons économiques, politiques et religieuses. Parmi les causes des troubles entre les peuples, il y a la découverte d’un gisement d’or et le fait que les Malinkés obligeaient les Sénoufos à devenir des initiés de l’islam. Ainsi, en plus des ressources naturelles, de nombreux autres problèmes se sont greffés à la division qu’il y a eu entre les deux peuples amis d’autrefois.

Les Sénoufos étant un peuple pacifique, ils décidèrent d’émigrer dans d’autres régions. Ils se sont alors installés autour de :

  • la région de Bobo-Dioulasso au nord-est ;
  • la région de Bondoukou et de Begho à l’est ; 
  • la région du sud entre le Bandama et le Nzi ;
  • la région de Bouaké. 

Il faut dire que les Sénoufos qui se sont implantés dans la région de Bouaké ont dû se déplacer au 18e siècle. Ce fut à cause des Baoulés qui cherchaient à établir leur royaume dans le centre de la Côte d’Ivoire. Les Sénoufos ont alors quitté Bouaké pour s’implanter sur les terres situées entre les fleuves Bandama et Comoé.

Organisation de la société du peuple sénoufo

Le peuple Sénoufo est composé de clans qui sont tous très bien structurés, sans s’organiser en royaume. À ce propos, lors des déplacements des Sénoufos, chaque émigration se faisait clan par clan. Alors, les Sénoufos s’installaient dans des régions différentes et y fondèrent leurs royaumes, ce qui a contribué à créer une certaine diversité parmi le peuple. 

Ainsi, aujourd’hui, on observe un mélange de cultures au sein des Sénoufos avec un renforcement des capacités de toutes les ethnies. Aussi, peu de noms propres sont connus dans l’histoire de ce peuple. Toutefois, on retient qu’une trentaine de sous-groupes Sénoufos ont bien conservé leur identité culturelle et ont eu une croissance démographique remarquable.

Par ailleurs, les Sénoufos ont trois grandes divisions sociales. La première division est celle des nobles. La seconde est celle des castes faites d’artisans, dont les forgerons, les bijoutiers, les musiciens, et les fabricants de statues et de masques religieux. Enfin, la troisième division sociale est celle des anciens esclaves parmi lesquels il y avait des aveugles.

La société Sénoufo est très traditionaliste, et il existe une grande solidarité entre les institutions sociales, économiques et religieuses. Le peuple porte sa croyance en Koulotiolo et en Katielo. L’un est le dieu puissant et l’autre est la déesse-mère des Sénoufos. De plus, chaque village Sénoufo est dirigé par un conseil des anciens

En outre, dans le système foncier Sénoufo, il est interdit de vendre ou d’échanger la terre. Aussi, chaque individu appartenant à une communauté donnée peut occuper la terre de cette dernière, avec l’accord du chef de lignage. Les Sénoufo ont imprimé dans l’histoire des tribus africaines une marque indélébile.

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